La maison
Apres avoir gravi les sept marches du perron, on entre directement dans une pièce qui fut sans doute la chambre de Manceau.
Dans la vitrine qui lui est consacrée, sur le mur de gauche, un croquis d`Eugène Grandsire le montre, en l858, debout, botté, boîte d’entomologiste en bandoulière, filet sur l’épaule, lorgnant un papillon… peut-être le fameux Algira ?
Un beau portrait date de l849 – il a 32 ans – dessiné par Auguste Lheman le représente assis, de trois quart, dans sa blouse de travail à coté d’une de ses gravures représentant La Roche Lambert.
Sur un dessin qu’il fit de George en l852 – elle a 48 ans – on lit toute la tendresse que le graveur vouera à sa compagne jusqu’à sa mort, le 21 août 1865, à Palaiseau dans la maison dont une reproduction nous montre la façade côté jardin.
L’indispensable Père Moreau, le pêcheur de truites, le loueur d’ânes et de chevaux, «le guide, le factotum actif et intelligent des voyageurs en Creuse» dont George parle dans son JOURNAL DE GARGILESSE a évidemment sa place ici, avec quelques uns des objets et instruments faisant partie de l’attirail nécessaire à la chasse aux papillons.
Au dessus de la vitrine, on s’étonnera de cette photographie tout à fait inattendue d’une George Sand déjà vieillissante drapée dans un tissu de velours noir et affublée d’une perruque Louis XIV façon Molière. Elle s’était prêtée au jeu du célèbre photographe Félix Nadar au point de s’en servir comme envers de cartes de visite réservées à ses proches.
Sur le même mur, on peut consulter la lignée de George Sand avec sa double origine aristocratique par Frédéric Auguste de Saxe (Auguste II, roi de Pologne) et Aurore de Koenigsmark, et plébéienne par les familles Delaborde et Cloquard.
De chaque côté du tableau, les portraits des grands parents d’Aurore Dupin, alias George Sand : Louis Claude Dupin, dit de Francueil et Marie Aurore de Saxe.
George Sand est au centre dans un portrait dessiné par Couture et gravé par Manceau.
A droite de l’entrée, une vitrine lui est réservée où sont réunis des objets personnels : épingles à chapeau, bottines, encriers et surtout, une des nombreuses DENDRITES qu’elle exécuta vers la fin de sa vie.
Dans une autre vitrine, sur la cloison qui donne sur la pièce suivante, divers objets et documents rendent hommage à Maurice de Saxe (1696-1750) aïeul de Maurice Dupin le père d’Aurore. Son portrait par Quentin de la Tour, à gauche sur le mur, vient juste d’être restauré.
On pénètre ensuite dans une pièce plus petite, «microscopique» écrit George, où il y a «tout juste la place de dormir, de se laver et d’écrire». Elle s’y est plu immédiatement, et même si, pendant ses séjours à Gargilesse, elle a donné plus de temps à la minéralogie ou I’herboristerie, elle a déclaré n’avoir jamais travaillé avec autant de plaisir que sur sa petite table face à la fenêtre «grande comme des carreaux des croisées de Nohant».
Sur le lit campagnard, une robe à carreaux est étalée, peut-être prête pour aller déguster le soir une omelette aux écrevisses chez Malesset (l’actuel hôtel des Artistes).
George écrit que Manceau avait creusé dans l’épaisseur des murs pour y laisser un minimum de vêtements : jupons de grosse toile, pantalons à coulisse, vieilles casaques, bottines rustiques pour courir les chemins à chèvres ou traverser la Creuse en bac. Une malle provenant du Bazar du Voyage, boulevard Poissonnière fait aujourd’hui office d’armoire.
Quelques pots à crèmes et onguents sur une coiffeuse à tiroirs, une lampe « Pigeon» sur une console au dessus de la table de nuit, quelques photographies des enfants, petites filles et amies (Pauline Viardot-Garcia, la cantatrice ; Marie Dorval, la comédienne), voilà tout ce dont George avait besoin autour d’elle pour se sentir bien.
Une autre pièce, rajoutée plus tard, est aujourd’hui consacrée à Maurice, le fils chéri de George Sand, auquel Manceau, décédé en 1865, a légué la maison. Il ne la revendra qu’en 1878, deux ans après la mort sa mère.
Christiane Sand, scrupuleuse gardienne des souvenirs de la famille, a réuni dans cette salle des éléments illustrant les nombreuses passions de Maurice et ses talents artistiques indéniables : collections d’insectes, boîtes à tiroirs pour les minéraux, pour les chenilles, quelques uns de ses ouvrages, notamment LE MONDE DES PAPILLONS, des dessus de têtes de marionnettes qu’il façonnait ensuite dans le bois, sa mère confectionnant les costumes.
Au mur, des affiches annonçant les représentations du petit théâtre de Nohant où l’on peut noter certaines précisions humoristiques témoignant de la bonne humeur toujours de mise à Gargilesse comme à Nohant.
Buste de George Sand
par Cyril de la Patellière
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